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La piste d’un « CDI seniors » suscite la méfiance des syndicats

Pour aider les chômeurs vieillissants, le patronat défend une solution choc : le « CDI seniors ». Jeudi 15 février, deux organisations d’employeurs – le Medef et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) – ont, chacun de leur côté, plaidé en faveur d’un dispositif de ce type qui vise à remettre en selle des demandeurs d’emploi s’approchant ou ayant franchi la barre des 60 ans. Cette proposition, formulée dans le cadre de la négociation pour un « nouveau pacte de la vie au travail », qui a débuté le 22 décembre 2023, est accueillie avec beaucoup de circonspection par les syndicats.
S’adressant aux journalistes à l’issue de la séance de discussions de jeudi, Hubert Mongon, le représentant du Medef, a expliqué que l’idée portée par son mouvement cherche à « éviter la case désinsertion professionnelle » pour les inscrits à France Travail (ex-Pôle emploi) qui sont au crépuscule de leur carrière. A partir d’un certain âge, a-t-il rappelé, il est « extrêmement compliqué » de retrouver un poste.
C’est la raison pour laquelle le Medef milite en faveur d’un nouveau contrat – le CDI seniors, donc –, qui pourrait être signé par des chômeurs, à partir de 60 ans, voire moins si un accord de branche est conclu en ce sens « pour tenir compte des réalités sectorielles ». Pour l’employeur, un tel système présenterait plusieurs intérêts. D’abord, il aurait la faculté de rompre la relation de travail une fois que son collaborateur a cotisé suffisamment longtemps pour prendre sa retraite à taux plein. En d’autres termes, la mise à la retraite d’office deviendrait possible dès que ces conditions de durée d’affiliation seraient remplies, sans attendre 70 ans « comme aujourd’hui », a souligné M. Mongon. En outre, « le régime social de l’indemnité de mise à la retraite » serait revu, « en supprimant la contribution spécifique employeur de 30 % ». Quant au salarié, il serait « accompagné jusqu’à la retraite, éventuellement en cumulant l’allocation-chômage différentielle, s’il est moins bien rémunéré par rapport à [sa] précédente activité ».
La CPME, de son côté, préconise un mécanisme comparable, mais que son vice-président, Eric Chevée, juge plus « ambitieux » que celui du Medef. Cette version du CDI seniors serait assortie d’une « réduction » de cotisations patronales pour l’assurance-chômage. La mesure d’allègement serait financée en réalisant des économies sur l’indemnisation des demandeurs d’emploi les plus âgés. A l’heure actuelle, les inscrits à France Travail d’au moins 53 ans ont la possibilité – sous certaines conditions – de toucher une allocation plus longtemps que les autres. Cet avantage disparaîtrait et le droit commun serait appliqué à tous, dans le schéma recommandé par la CPME. Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, s’est déclaré partisan de cette piste à plusieurs reprises, depuis l’automne 2023.
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